Maxime

Le portrait est vide. De l’homme qu’il représente, il ne reste que l’ombre. Devant son miroir, il cherche à porter un dernier regard sur lui, sur sa vie, en vain. Tel un spectre, il assiste impuissant à sa propre disparition. Entraînés par le temps en fuite malgré lui, l’être cède à la décrépitude, celle-là même qui altère jusqu’aux objets.

La photo n’est pas nette mais on peut y voir l’âme d’un homme mélancolique, prêt à céder à l’appel de la lumière rédemptrice.

Dans cette œuvre, Éric Antoine capture un reflet de notre condition humaine. Il s’immisce dans l’intimité et révèle la fatalité de la vie.

Immortelle impression

Derrière sa chambre photographique Éric Antoine souhaite renouer avec la réalité. Il s’insurge contre le rythme effréné de nos vies. Il dénonce notre rapport consumériste à l’image. Il rejette le manque d’authenticité de la photographie à l’ère de Photoshop. La photo numérique n’existe pas selon lui. Virtuelle, elle apparaît, circule, se donne à voir au monde avant de tomber dans l’oubli. «J’aime l’idée d’avoir seulement quelques photos importantes qui ponctuent notre vie. Je regrette la photo-objet». Il a trouvé dans l’ambrotype une technique qui ferait écho à ses convictions. Entre chimie et création artistique, le procédé est complexe. Le photographe prépare méticuleusement des plaques de verre et les enduit d’une intrigante mixture du nom de collodion avant de faire la prise de vue à laquelle il a longuement réfléchi. Un flash et l’image apparaît instantanément, capturée sur le verre. À la manière des choses et des êtres, le cliché est fragile, surprenant et plein de « défauts magnifiques ». «L’ambrotype se compose d’une couche d’argent qui brille sur un verre de 2 mm, donnant toute sa profondeur à la photo, comme une sorte de 3D. Cette définition exceptionnelle n’existe pas encore dans le numérique. Et il y a cette poésie, cet aspect pictural dû aux coulures, aux réactions chimiques imprévues. »